AFLiCo 9 Linguistique cognitive : approches incarnées et écolinguistiques

La 9e conférence internationale de l'AFLiCo, l'Association française de linguistique cognitive (www.aflico.fr), aura lieu à Lyon du 15 au 17 mai 2024. Elle fait suite aux précédentes conférences internationales de l'AFLiCo qui se sont tenues à Bordeaux (2005), Lille (2007, 2013), Nanterre (2009), Lyon (2011), Grenoble (2015), Liège (2017) et Mulhouse (2019). Nous invitons les doctorant·e·s et les enseignant·e·s-chercheur·e·s intéressé·e·s par la linguistique cognitive, et plus spécifiquement par ses approches incarnées (embodied) et écolinguistiques, à proposer des présentations de 20 minutes (suivies de 8 minutes de questions). Toutefois, comme lors des éditions précédentes, les thèmes de la conférence ne se limiteront pas aux principaux axes décrits ci-dessous. Nous encourageons également les participant·e·s à soumettre des propositions dans tous les domaines de la linguistique cognitive.

 

Le terme « linguistique cognitive » décrit l'une des principales branches de la linguistique moderne et englobe différentes approches, théories et méthodologies. La pierre angulaire de la linguistique cognitive est l'hypothèse selon laquelle le langage fait partie intégrante de la cognition humaine. Si l'on considère que la cognition, en général, est profondément incarnée et que le langage fait partie intégrante de la cognition, la seule conclusion possible est que le langage est également incarné. L'incarnation (embodiment) est un concept qui est présent dans de nombreuses disciplines, telles que les sciences cognitives, la philosophie, la psychologie ou encore la sociologie (Wen et Taylor 2020) et qui a pris une place grandissante au cours des dernières décennies grâce aux conclusions convergentes d’études dans divers domaines, notamment des études en psychologie (Barsalou 1999, Mandler 2010), en neurosciences expérimentales (Glenberg et Kaschak 2002, Zwaan 2004, Tettamanti et al. 2005, Bergen 2012), et même en ingénierie robotique (Steels 2005, Wen et Jiang 2020).

 

Le langage ne reflète pas le monde extérieur de manière objective, mais il représente plutôt la manière dont l'individu a conceptualisé cette réalité en fonction de son expérience, de ses connaissances et de son environnement (Langacker 1987, Johnson 1987, Lakoff 1987, Talmy 1988). Pour comprendre la structure de notre appareil conceptuel, il faut donc prendre en compte son substrat physique et culturel, au sens large. En outre, comme les êtres humains n'appartiennent pas seulement à des cultures et à des sociétés différentes, mais aussi à des écosystèmes plus vastes dont dépendent toutes les formes de vie, il est essentiel d'avoir une définition large du terme « environnement ». La dimension écolinguistique de la langue semble donc cruciale pour une meilleure compréhension des variations linguistiques dans le temps et l'espace. C'est pour cette raison qu'une attention particulière sera portée aux interactions entre la langue et l'environnement lors de cette conférence (Halliday 2001, Steffensen et Fill 2014, Stibbe 2014).

 

Un autre principe central de la linguistique cognitive est l’hypothèse selon laquelle la langue se construit par l'usage (usage-based). Plus précisément, les êtres humains apprennent la langue par le biais d'une expérience linguistique continue, qui leur permet de comprendre comment les différents éléments d'une langue sont structurés, comment ils fonctionnent et comment ils sont liés les uns aux autres (phonèmes, mots, catégories, constructions, etc.). Cette hypothèse a eu un impact non négligeable sur le développement des grammaires de constructions (Langacker 1987, Goldberg 1995) et permet d'expliquer les schémas linguistiques synchroniques et diachroniques. Elle a également eu une grande influence sur les théories de l'acquisition, tant chez les enfants (Tomasello 1992) que chez les adultes et dans l'apprentissage d'une langue seconde (Bybee 2006, Ellis 2008).

 

Au cours de cette conférence, nous aurons l'occasion de questionner les notions d'incarnation et d'écolinguistique et de nous interroger sur la place centrale de ces concepts dans les différents domaines de la linguistique cognitive. Cependant, la conférence ne se limitera pas aux thèmes principaux décrits ci-dessus. Nous encourageons également les chercheur·e·s à soumettre des propositions dans d'autres domaines de la linguistique cognitive, tels que :

  • Grammaires de construction
  • Sémantique des cadres
  • Intégration conceptuelle (blending)
  • Linguistique de corpus
  • Métaphore et métonymie
  • Variation linguistique
  • Neurosciences
  • Langues des signes
  • Multimodalité
  • Changement linguistique et diachronie
  • Analyse du discours
  • Pragmatique
  • Phonétique et phonologie
  • Sociolinguistique
  • Acquisition du langage (L1, L2)
  • Traitement automatique des langues
  • Lexicologie
  • Morphologie
  • Sémantique lexicale

Références

  • Barsalou, L.W. (1999). "Perceptual symbol systems", Behavioral and brain sciences, nº22(4), 577-609.
  • Bergen, B. (2012). Louder than words: The new science of how the mind makes meaning. New York: Basic Books.
  • Bybee, J. (2006). "From usage to grammar: The mind’s response to repetition", Language, nº82(4), 711-733.
  • Cienki, A. (2005). "Image schemas and gesture", From perception to meaning: Image schemas in cognitive linguistics, nº29, 421-442. 
  • De Knop, S. (2022). "From Construction Grammar to embodied construction practice", Constructions and Frames, nº12(1), 121-148. 
  • Ellis, N. C. (2008). "The dynamics of second language emergence: Cycles of language use, language change, and language acquisition", Modern Language Journal, nº92(2), 232-249.
  • Feldman, J. (2020). "Advances in Embodied Construction Grammar", Constructions and Frames, nº12(1), 147-167.
  • Gibbs, R. W., Jr. (2017). "Embodiment", In B. Dancygier (ed.). The cambridge handbook of Cognitive Linguistics, 449-462. Cambridge: Cambridge University Press. 
  • Glenberg, A. M. & Kasckhak, M. P. (2002). "Grounding language in action", Psychonomic Bulletin and Review, nº9(3), 558-565. 
  • Goldberg, A. (1995). A Construction Grammar Approach to Argument Structure. Chicago: University of Chicago Press.
  • Halliday, M. A. K. (2001). "New Ways of Meaning: The Challenge to Applied Linguistics". In A. Fill, P. Muhlhausler (eds.). The Ecolinguistics Reader: Language, Ecology and Environment, 175-202. New York: Continuum.
  • Heine, B. (2014). "The Body in Language: Observations from Grammaticalization".  In Brenzinger, M. & Kraska-Szlenk, I. (eds) The Body in Language. Comparative Studies of Linguistic Embodiment, 11-32. Leiden, The Netherlands: Brill.
  • Johnson, M. (1987). The body and the mind: The bodily basis of meaning, imagination, and reason. Chicago: University of Chicago Press.
  • Kövecses, Z. (2015). Where Metaphors Come from: Reconsidering Context in Metaphor. Oxford: Oxford University Press.
  • Lakoff, G. (1987). Women, fire and dangerous things: What Categories Reveal About the Mind. Chicago: University of Chicago Press.
  • Langacker, R. W. (1987). Foundations of Cognitive Grammar. Stanford: Stanford University Press.
  • Prihodko, G. & Galaidin, A (2018). "Prospects of cognitive and ecological linguistics", Periodyk Naukowy Akademii Polonijnej, nº29(4), 121-127.
  • Lapaire, J.-R. (2013). « Gestualité cogrammaticale : de l’action corporelle spontanée aux postures de travail métagestuel guidé. Maybe et le balancement épistémique en anglais », Langages, nº192(4), 57-72.
  • Mandler, J. M. (2010). "The spatial foundations of the conceptual system", Language and cognition, 2(1), 21-44.
  • Maouene, J. et al. (2016). "Contingencies between verbs, body parts, and argument structures in maternal and child speech: A corpus study". Language and Cognition, 8(2), 237-282. 
  • Panther, K.-U. & Radden, G. (1999) (eds.). Metonymy in Language and Thought. Amsterdam/Philadelphia: John Benjamins Publishing Company.
  • Penz, H. & Fill, A. (2022). "Ecolinguistics: History, today, and tomorrow", Journal of World Languages, 8(2), 232-253.
  • Steels, L. (2005). "The emergence and evolution of linguistic structure form lexical to grammatical communication systems", Connection science, nº17(3-4), 213-230.
  • Steffensen, S. V & Fill, A. (2014). "Ecolinguistics: The state of the art and future horizons", Language Sciences, nº41, 6-25. 
  • Stibbe, A. (2014). "An ecolinguistic approach to critical discourse studies", Critical Discourse Studies, 11(1), 117-128.
  • Sweetser, E. (1990). From Etymology to Pragmatics: Metaphorical and Cultural Aspects of Semantic Structure. Cambridge: Cambridge University Press.
  • Talmy, L. (1998). "Force dynamics in language and cognition", Cognitive Science, 12(1), 49-100.
  • Tettamanti M. et al. (2005). "Listening to action-related sentences activates fronto-parietal motor circuits", J Cogn Neurosci, 17(2), 273-281.
  • Tomasello, M. (1992). First verbs: A case study of early grammatical development. Cambridge: Cambridge University Press.
  • Zwaan, R. A. (2004). "The Immersed Experiencer: Toward an Embodied Theory of Language Comprehension". In B. H. Ross (ed.). The psychology of learning and motivation: Advances in research and theoryvol. 44, 35-62.
  • https://www.ecolinguistics-association.org 

 

   

Dates clés

Envoi des propositions de communication : 1er juillet au 5 novembre 2023

Notification aux auteur.trice.s : décembre 2023

Début des inscriptions : début 2024

Conférence : 15 au 17 mai 2024

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